mercredi 19 octobre 2011

Un Tournage dans le Vercors

Après des années d'échanges sur internet, le moment est finalement venu de rencontrer ce grand gaillard qu'est Régis. Si je dis grand c'est que ça faisait longtemps que je n'avais pas eu besoin de lever la tête pour parler avec quelqu'un ! Avec ses deux mètres de haut, Régis aurait pu naturellement se retrouver sur un terrain de basket. Mais c'est l'outdoor qu'il a choisi et, notamment, le ski de randonnée nordique, dont il est devenu en France l'un des éminents spécialistes. Et c'est pour qu'il nous présente cette activité que je l'ai convié à cette randonnée dans le Vercors, sur les Hauts-Plateaux, son terrain de jeu de prédilection sitôt que la neige a recouvert les lieux.

Je laisse la voiture sur le parking du Pas de l'Aiguille. Le fond de l'air est frais. J'hésite sur la tenue à adopter. Souffrant d'un début de crève, je me convainc de conserver le pantalon. Quant aux chaussures, j'opte finalement pour les Merrel, un modèle à tige basse comme une tennis, laissant à contrecoeur mes fameuses sandales qui auraient fait désordre avec le pantalon. J'ignore encore que ces considérations de style me coûteront cher en fin de journée...

La montée au Pas de l'Aiguille est effectuée au pas de course. Régis a de grandes jambes mais il a aussi le rythme tonique d'un sportif confirmé. Tout autour de nous, le panorama est sublime. L'automne est arrivé soudainement et ses teintes vives dévalent en-dessous des falaises comme de gigantesques toboggans colorés. Pièce maîtresse de ce décor grandiose, le monolithe du Mont-Aiguille accroche inévitablement le regard. Impossible de ne pas être hypnotisé par ce monument historique, véritable symbôle de ce territoire qu'est le Vercors.



On atteint rapidement la prairie de Chaumailloux, son mémorial de la Résistance et ses deux refuges-abris. C'est parti pour la première interview. Régis m'entraîne ensuite sur un azimut sanglier en direction de Tête Chevalière. Inutile de s'encombrer d'un chemin, il connaît les lieux tellement par coeur qu'il navigue à vue à travers dolines et scialets vers le sommet ! Sitôt franchi le couvert des derniers arbres, on pénètre dans l'immense espace des Hauts-Plateaux. Le relief y ondule en longues vagues herbeuses qui confèrent à l'endroit un parfum d'infini. La vue se dégage d'ailleurs à 360° vers des massifs lointains : Chartreuse, Bauges, Belledonne, Taillefer, Ecrins, Devoluy... Vers le sud et l'ouest, ce sont le Glandasse et les monts de l'Ardèche.



Nous nous posons près d'un énorme cairn pour une deuxième interview et la pause casse-croûte. Parti en catastrophe de Chamrousse à l'aube, j'ai complètement oublié de prendre à manger ! Heureusement que Régis peut me dépanner d'une part de quiche et de quelques gâteaux. Je pense vraiment à rien, c'est pas croyable... Nous entamons ensuite la route vers la cabane de l'Essaure. Je reçois les premiers signaux d'alerte de la part de mes pieds. Dans le sens de la descente, les orteils viennent s'écraser peu délicatement contre le fond de la chaussure. Tout ça ne me dit rien qui vaille. Pour l'heure, la beauté du paysage occulte le problème. Plutôt que de suivre le sentier balisé en contrabas, nous filons sur le fil de l'arête en tutoyant les précipices s'ouvrant sous nos pieds. L'érosion a créé ici une oeuvre stupéfiante, profonde et incroyablement esthétique. J'y retrouve un peu ce que j'ai vu dans le Colorado Provençal, les couleurs de l'ocre en moins mais la démesure en plus. C'est juste sidérant. Je n'en finis plus de faire des images...

A la cabane, nous filmons les dernières interviews, non sans quelques fous-rire qui iront directement dans le prochain bêtisier. C'est ensuite que les choses sérieuses commencent pour moi. Car mes chaussures ont décidé de me faire souffrir en descente et celle du Pas de l'Essaure n'en est justement pas une petite. La randonnée se transforme en chemin de croix. Je me maudis de ne pas avoir pris mes sandales. Me voilà condamné à me traîner lamentablement sur ce sentier qui semble ne jamais vouloir devenir plat. En plus j'essaie de compenser sur ma cheville détraquée ce qui finit par propager la douleur à celle-ci. Non, vraiment, c'est n'importe quoi ! Je jure de ne plus jamais remettre ces Merrel et de les immoler à la première occasion. J'atteindrai finalement Chichilianne en chaussettes : c'est encore davantage supportable qu'avec les chaussures !


Excepté qu'à Chichilianne, il reste encore six kilomètres jusqu'au parking du Pas de l'Aiguille. La vache ! Même sans la question de mes pieds, ça fait quand même une sacré boucle ! D'un commun accord, je confie mes clés de voiture à Régis. Je resterai ici le temps qu'il aille la récupérer. Assis près de la fontaine, à prendre les derniers rayons de soleil, je me dis que souvent, lorsqu'une randonnée a été l'occasion de rencontrer quelqu'un, il y a toujours eu quelque chose qui a fait de l'événement un souvenir mémorable : la traversée épique de la Chartreuse avec Franck (Merloz), la sortie hors-sentier et sans assurance avec Jean-Marie dans les Pyrénées, le bivouac catastrophe en falaise dans le Glandasse avec Grégoire... Une fois n'est pas coutume : on se rappelera de mes Merrel longtemps avec Régis !

vendredi 14 octobre 2011

Chamrousse, toute une histoire !

Ha bah ça alors me revoici à Chamrousse !

Pourtant quand j'en étais parti, au printemps dernier, j'avais dit que je n'y retournerais pas de sitôt. Mais on ne quitte jamais vraiment Chamrousse. Surtout quand on y a passé quasiment les onze précédentes années de sa vie. Pour situer le lieu - tout le monde ne connaît pas forcément cette station où Jean-Claude Killy remporta sa médaille olympique lors des Jeux Olympiques d'hiver de... 1968 ! - Chamrousse se situe en Isère, perché au-dessus de Grenoble, à l'extrémité ouest du massif montagneux de Belledonne. Elevée au rang de commune dans les années 80, c'est devenu la station de ski des Grenoblois - et des Lyonnais aussi - au fur et à mesure que les années passaient.

Grenoble et le massif de Belledonne

Aujourd'hui l'arrivée des tours-opérateurs dans le marché du ski a quelque peu bouleversé la donne. Le tourisme à Chamrousse vient désormais de tous les horizons de France et d'Europe. Bref, c'est en tout cas à Chamrousse que j'ai débarqué au début de l'hiver 2001, juste après avoir tourné une page professionnelle importante et avoir tout envoyé valser dans ma petite vie. J'intègre ainsi un magasin de sports en tant que skiman. Un nouveau rôle à endosser et tout un métier à découvrir ! Onze ans après, c'est devenu une seconde peau. Et même si, depuis 2006, je me suis engagé en freelance dans l'activité d'auteur-voyageur, j'ai du mal à renoncer aux saisons d'hiver. Tout un milieu, une ambiance et un boulot que j'aime sans avoir besoin de me forcer.

Du coup, onze années à Chamrousse, on peut affirmer que je connais bien la station et ses habitants. Je m'y sens toujours un peu chez moi. Une station de ski, ce n'est pas comme une ville. C'est petit donc, forcément, on finit par connaître tout le monde. Parfois c'est bien, d'autres fois moins ! Au cours des dernières années à Chamrousse, j'ai porté plusieurs casquettes. J'étais devenu le skiman-voyageur-écrivain-photographe-qui-mixe-de-la-techno. Drôle de combinaison ne trouvez-vous pas ? Eh oui j'avoue, j'aime les musiques électroniques ! Ne me retirez pas de vos listes d'amis pour autant ! Ce n'est pas grave m'a assuré mon médecin.

Au chapitre de la randonnée, Chamrousse m'a permis de faire la découverte d'un massif extraordinaire et méconnu : celui de Belledonne. Une fois basculé de l'autre côté de la Croix de Chamrousse, on pénètre une montagne authentique. J'ai ressenti en Belledonne ce que j'avais déjà ressenti dans les Pyrénées. C'est une montagne belle, austère et qui se mérite. De part et d'autre de ce GR athlétique qui la parcourt, ce ne sont que des sentiers étroits ou invisibles, jalonnés de cairns et de pierriers conduisant dans des endroits reculés et intensément sauvages. J'en connais aujourd'hui tous les recoins, en hiver comme en été, des lacs Robert jusqu'au Pas de la Coche.

La Dent d'Alexandre et la Botte, près du lac Achard


 
Belledonne n'est pas connue à son juste mérite. Je n'ai pas le temps actuellement mais je promets d'y revenir pour y réaliser au minimum un "Carnets de Rando" (haaa je m'imagine déjà au pied du Grand Pic pour vous présenter l'émission !) et au mieux, un documentaire complet englobant l'ensemble du massif, au-delà des Sept-Laux. Rien que de penser aux images que pourraient donner les Aiguilles de l'Argentière, je suis comme un fou ! Oh oui Belledonne serait un sujet de film parfait, avec des vues exceptionnelles sur la Chartreuse, l'Oisans, les Ecrins et, plus au nord encore, la Maurienne.

Pour l'heure je me contente d'un petit billet nostalgique. Chamrousse, c'est décidément pour moi toute une histoire !

lundi 10 octobre 2011

Le régime ordinateur

Vous avez déjà mangé de l'ordinateur ?

Moi j'en mange très souvent. Un régime du genre incongru pour un auteur-voyageur, qui ne cadre pas vraiment avec l'image qu'on se ferait de la profession. Pourtant l'ordinateur c'est l'outil indispensable, vital. Toute mon activité repose sur lui. C'est vous dire le stade de déification auquel je l'ai élevé au fil des ans. Non je ne suis pas un geek ! Je ne geeke pas moi monsieur, je travaille ! Déjà, la base, c'est d'être présent sur les réseaux sociaux. Dans mon répertoire se trouve l'inévitable compte Facebook et la page associée. Je me suis aussi mis sur Twitter. C'est marrant, sur Twitter, j'ai retrouvé exactement les mêmes que sur Facebook. Et plus marrant encore, à la longue, on se rend compte qu'on publie exactement les mêmes choses sur Twitter que sur Facebook. En plus court, parce que les caractères sont comptés. Mais c'est pas grave, il faut le faire paraît-il. C'est d'la "com" finit-on par dire !

J'en passe donc, du temps, sur les réseaux sociaux. Surtout parce que c'est super convivial et que c'est une plate-forme exceptionnelle pour partager son travail et rencontrer des gens qui l'apprécient. Dans ce chapitre j'oubliais le site internet, vitrine à l'usage de mes contacts professionnels surtout. Et le site, il se fait pas tout seul. Et il s'actualise encore moins tout seul ! Donc faut encore ajouter quelques heures à l'addition du temps passé devant son écran... ça commence à chiffrer doucement... Je vous avais également parlé du temps consacré au montage de l'émission, au derushage des séquences vidéos... Cela a fait l'objet d'un précédent billet.

Aujourd'hui j'ai encore bloqué le portable mais pour une autre raison. Il y a encore une phase du travail d'auteur-voyageur dont je ne vous ai pas parlé. C'est la communication ( abrégée "com", ainsi que mentionné plus haut, parce que c'est plus simple à dire et que c'est super tendance ). La com consiste à vendre ses produits. Or le produit en question, c'est "Carnets de Rando". L'émission est là, en visionnage libre sur YouTube, encore faut-il maintenant que les gens soient au courant. Facebook a été le premier vecteur de diffusion de l'information. Je suis d'ailleurs toujours fasciné de la vitesse à laquelle les publications se diffusent, comme un gros rocher se fractionnant en milliers de cailloux. Mes reportages font donc leur vie sur la toile, mais je dois continuer à leur donner un coup de pouce.

Aussi toute la journée ai-je fait du mailing,  passionnante activité consistant à copier-coller le même message en changeant simplement le destinataire. Tout ce qui m'est venu à l'esprit y est passé : offices de tourisme du Luberon, bureaux du Parc, Fédération de la Randonnée Pédestre, moultes associations et clubs de randonnée, sites consacrés au Luberon... Autant vous l'avouer, ce n'est pas la phase la plus palpitante du boulot d'auteur-voyageur et je commence déjà à rêver du moment où je me retrouverai à nouveau sur les chemins avec mon sac et ma caméra. Mais il faut en passer par là. Ne nous voilons pas la face. Etre un auteur-voyageur c'est aussi savoir se vendre et, à ce jeu là, certains ont plus de talent que d'autre. Je n'ai jamais été un commercial hors pair. J'y connais rien en stratégie de vente. Je suis juste passionné par ce que je fais et, a priori pour l'heure, ça suffit largement !

Le métier vous tente ? Attendez-vous à vous coltiner un bon régime ordinateur !

D'ailleurs faudra rajouter trente minutes à l'addition journalière au terme de la rédaction de ce billet. Argh, ça finit jamais en fait... mais c'est tellement vital !




samedi 8 octobre 2011

Clermont-Ferrand, ici Clermont-Ferrand

Quel amusant clin d'oeil de la vie d'avoir à passer plus de temps ici, à Clermont-Ferrand et en Auvergne.

La première fois que j'ai découvert le Massif Central c'était en 2007, lorsque j'ai rejoint Julien pour le projet planète Cézallier. Enfin non, à vrai dire, la véritable première fois, c'était dans les années 80, quand je n'étais encore qu'un petit bouchon emmené en vacances par ses parents dans un camping près de Murol. S'il n'y avait les photos dans l'album familial, je n'aurais quasiment aucun souvenir de mon ascension du Puy de Sancy à l'époque. La fibre de la randonnée m'animait déjà !

Mes souvenirs concrets de l'Auvergne, c'est donc en 2007. Avec Julien Leblay, également auteur-voyageur, nous nous lançons dans une aventure à vélo dans le Cézallier. De ce petit projet appelé "Planète Cézallier" naîtront un film et un livre ( voir sur mon site : http://w1p.fr/37188 ). Je reviendrai par la suite ponctuellement dans la région de Clermont-Ferrand pour la promotion de ceux-ci. Déjà cela m'amuse que les synchronicités de l'existence m'aient fait revenir dans ce coin de France où j'avais passé quelques semaines étant enfant. Mais la suite va encore plus loin et l'Auvergne va finir par devenir un énième autre "chez moi".



Effectivement, cet hiver, je rencontre Nanou (diminutif de Narimen, son véritable prénom) qui est depuis devenue ma copine. Et justement elle est Auvergnate, et plus précisément Clermontoise. C'est donc logiquement que l'arrière-saison hivernale me conduit de nouveau à Clermont-Ferrand, à la rencontre de la famille et des amis de Nanou. Cette fois je retrouve mes marques très vite. Clermont n'est pas une très grande ville et j'en avais déjà arpenté les rues avec Julien du temps de Planète Cézallier. Du coup la région me devient familière, au même titre que Toulouse, Grenoble ou Manosque. Ca me fait plaisir de revoir la silhouette du Puy-de-Dôme s'élevant au-dessus des toits de l'agglomération. Tout comme la cathédrale et sa pierre noire caractéristique. L'Auvergne est décidément une jolie région.



Nous y sommes revenus deux semaines cet automne, avant le départ de Nanou pour cinq mois en Amérique du Sud. Ses ami(e)s sont devenu(e)s mes ami(e)s et c'est grâce à eux que j'ai pu travailler sur le montage et la mise en ligne de Carnets de Rando (sorti hier : http://w1p.fr/37149). Ainsi mes relations dans la région s'étoffent. Et la suite logique devrait être qu'un prochain numéro de l'émission soit justement consacré à ce beau territoire doté d'un fort potentiel de randonnées. En 2012 peut-être ?

Nanou part mardi pour Paris et Charles-de-Gaulle. Je partirai de mon côté vers l'Isère et Chamrousse.

Clermont-Ferrand, ici Clermont-Ferrand.

mercredi 5 octobre 2011

Quand je serai grand, j'aurai un studio

Etre nomade a ses avantages et ses inconvénients.

Liberté de mouvement, contraintes financières réduites. Des arguments de poids. A côté de ça, on trimbale partout avec soi ses quelques affaires, misant sur la générosité des copains à vous accueillir quelques temps. Et heureusement qu'ils sont sympas les copains sinon ça ferait longtemps que j'aurais échoué dans un camping avec ma tente, à pinailler pour tenter de capter un réseau wifi pour mon ordinateur. Alors quoiqu'il en soit, le nomade que je suis ne se sens jamais chez soi, passant à côté du plaisir de terminer une journée de boulot en franchissant la porte du nid douillet qu'il s'est construit. Selon les jours on s'en fout ou le regrette.

Reste que quand on est auteur-voyageur et qu'on doit tourner ses films et, mieux encore, les monter en gérant sa communication, le nomadisme n'est pas la solution la plus adaptée. Depuis cet été, je nage en plein système D et, Dieu merci, ça fonctionne ! Entre la caravane du Verdon et les squatts ici et là chez les potes, les conditions de réalisation des films et de l'émission feraient doucement sourire une maison de production digne de ce nom. Je bricole à mort ! Et je m'efforce surtout que ça ne se voie pas à l'écran. Le résultat est-il à la hauteur ? C'est vous qui me le direz dès le 12 octobre !

Après tout mieux vaut en rire qu'en pleurer et tout ça me fera de bien amusants souvenirs si un jour mes idées sont acclamées et que je n'aie plus vraiment à me préoccuper du contexte matériel de mon activité. Je me vois presque déjà devant mon bureau - spacieux évidemment - confortablement installé dans un fauteuil en cuir à roulettes. Fini les matelas posés par terre et l'ordinateur portable sur les genoux. Je travaillerai avec une machine digne de ce nom qui traitera mes rushes en haute définition en un quart de seconde. Je monterai mes films devant un écran plat doté d'une diagonale d'enfer et écouterai mes échantillons sonores sur un home-cinema. Un vrai studio ! Le pied quoi !

Pour l'heure arrêtons de rêver, parce qu'on est loin du compte ! Il faut bien commencer avec ses petits moyens qu'on transcende par son imagination et sa créativité.

Un David sédentaire, c'est pas encore demain la veille...

vendredi 30 septembre 2011

Derusher : kezako ?

Mais qu'est-ce qui se cache derrière ce terme barbare et anglophone qu'est le "derushage", activité à laquelle je viens une nouvelle fois de me livrer au cours des six dernières heures ? Un petit billet s'impose pour se familiariser avec l'univers de la video et vous en faire découvrir les différentes facettes.

Le rush, par définition, c'est une séquence vidéo, un plan de quelques secondes ou de quelques minutes. Une pièce du grand puzzle final qu'on a pris le soin de tourner en extérieur ou en intérieur. A la pêche au rush, je rentre souvent de tournage avec une bonne moisson. La moyenne s'évaluant à une grosse centaine pour une journée de travail.

Le derushage consiste donc à trier, couper et classer tous ces bouts de film avant de s'attaquer au montage. Opération quelque peu propice à une certaine lobotomie cérébrale quand on la pratique sans interruption. Dans l'ordre on charge le rush, on coupe les bouts qui ne servent à rien puis on le convertit avant de l'enregistrer dans un nouveau dossier. Dossier évidemment différent du dossier source, sous peine de risquer un effacement accidentel de ceux-ci le jour où on se débarrasse des originaux. La précision peut prêter à rire mais je parle en connaissance de cause puisque cela m'est malheureusement arrivé il y a quinze jours.

"Pourquoi convertir les fichiers?" me demande-t-on dans le fond. Excellente question. Eh bien je dois reconnaître que mes moyens matériels n'égalent malheureusement pas encore la passion que je mets à réaliser mes films. Aussi m'est-il impossible de travailler des rushs en haute définition (AVCHD) directement sur mon petit ordinateur portable. L'idéal serait de posséder un superbe PC six coeurs avec une carte graphique du tonnerre et une RAM turbinant à la vitesse du son. C'est loin d'être le cas. Du coup je dois convertir mes images en un format *.avi plus classique mais encore largement satisfaisant pour pouvoir monter l'émission et les films. Un jour viendra où je posséderai mon studio de montage, avec écran 170cm haute définition, fauteuil en cuir monté sur roulettes et enceintes home-cinema crachant du son digital. Un beau rêve qui nécessite encore de longues années de travail !

Alors bref aujourd'hui j'ai dérushé. J'ai dérushé les dernières images pas encore traitées de Carnets de Rando, à savoir celles de RandoLive en Chartreuse et du Colorado Provençal dans le Luberon. Voilà qui clôture une quatrième journée de boulot derrière l'ordinateur.

A qui en douterait encore : non, être auteur-voyageur ne signifie pas se promener tout le temps dans des endroits extraordinaires !